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RASSEMBLER A GAUCHE 83
4 avril 2006

Nous devons faire du logement un droit opposable

logoetatsgeneIntervention de Laurent Fabius à Lille, à l’occasion des Etats généraux du projet consacrés au logement et à la décentralisation.

Chers camarades, chers amis,

Nous sommes réunis à Lille pour travailler à notre projet socialiste et je remercie les artisans de cette journée, Henri Emmanuelli bien sûr, en charge des Etats généraux, mais également celles et ceux qui ont contribué à son organisation et à son succès. Deux remarques très brèves.

1. Je suis heureux que le logement social soit au premier rang des réflexions des socialistes pour leur projet. Entre 1997 et 2002, nous avons accompli collectivement de nombreuses réalisations, mais sans doute insuffisamment agi pour faire du logement une priorité nationale. Comme dirigeant politique ayant exercé les responsabilités d’Etat et comme élu local d’une ville de Normandie qui compte 72 % de logements sociaux, j’ai la conviction que le logement est la condition d’une vie plus agréable pour chaque habitant, une garantie de sécurité pour la population, le levier d’une meilleure scolarité donc d’une égalité effective des chances pour les enfants, un vecteur d’emplois de proximité et d’activité économique non délocalisable - je pense, par exemple, au secteur du bâtiment, secteur clé pour la croissance.

Je participais ce matin à l’atelier consacré au logement et j’écoutais les suggestions formulées par nos camarades élus, mais aussi par les acteurs associatifs, bailleurs, experts, conviés par à nos réflexions collectives. J’en ai retenu la confirmation d’une conviction personnelle : le Parti Socialiste doit mettre en avant la proposition du droit opposable au logement. Cela fait vingt ans que nous l’évoquons dans nos textes programmatiques et même législatifs. Mais pour beaucoup de nos concitoyens, le droit au logement, qui est un droit de l’homme dans la République, est resté largement une promesse sans contenu.

Pour y parvenir, la mobilisation de l’Etat est indispensable, la commune et l’intercommunalité doivent être soutenues car elles sont les bons échelons d’action, les associations et bailleurs consultés et impliqués. Mais ce qui importe avant tout, c’est la volonté politique, celle de changer vraiment la vie. Cinquante ans après l’appel de l’abbé Pierre pour les sans logis, quelques années après la loi Besson qui est un acquis important, nous devons franchir un nouveau cap : faire en sorte que tout citoyen ait le droit effectif à exiger un logement décent et prendre les dispositions concrètes pour qu’il en soit ainsi.

2. Nos débats sur le logement, la décentralisation et l’aménagement du territoire peuvent paraître loin de la crise sociale grave que traverse notre pays. En réalité, ils ne le sont pas. Nous nous réunissons aujourd’hui à Lille pour parler de notre projet alors même que s’y trouve la coordination étudiante anti-CPE : c’est un symbole fort. Mais surtout, les questions que nous abordons illustrent le clivage entre la gauche et la droite tel qu’il se manifeste également, depuis bientôt deux mois, à travers la bataille contre le Contrat Précarité Exclusion : le grand clivage entre précarité et solidarité.

Face à la mondialisation libérale au niveau national européen et international, la droite développe l’idée fausse et dangereuse selon laquelle la solution passe par une précarité accrue. En matière de logement, la droite plaide pour une précarité qui s’appelle ponction sur le logement social et allègements fiscaux type Robien. La pseudo-décentralisation menée depuis quatre ans est, elle aussi, un processus de précarisation territoriale : plus de charges et moins de ressources, c’est l’équation fatale qui signifie moins de services publics rendus aux habitants et moins de péréquation financière pour les collectivités. Comme ministre de l’Economie et des Finances puis comme ministre de l’Intérieur en charge des collectivités locales, Nicolas Sarkozy est le grand artisan de cette logique de précarisation généralisée. Ne soyons pas dupes de sa rivalité avec M. de Villepin : c’est la même précarité qu’ils veulent aggraver.

Face à une droite dure qui prône la précarité, il faut un PS et une gauche de solidarité. Cela implique de mettre en avant dans le projet socialiste les questions qui concernent la vie quotidienne de nos concitoyens : l’emploi, le logement, l’éducation et la formation, les services publics, l’environnement et la santé. Si nous sommes fiers de nos valeurs, si nous sommes solides et solidaires, si nous choisissons de rassembler la gauche autour d’un projet d’alternative clairement à gauche, alors nous pouvons regarder l’avenir avec confiance.

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